top of page
Rechercher
La Cabane Urbaine

De la route de la soie à la route des épices...

Dernière mise à jour : 10 avr. 2020


La route de la soie : 2000 ans d’échanges

La route de la soie désigne l’ensemble des chemins, des sentiers et des pistes caravanières qu’ont empruntés les marchands de l’antiquité jusqu’au milieu du Moyen-âge pour faire leur négoce du continent asiatique au continent européen. Il s’agissait donc d’un réseau de routes commerciales entre l’Asie et l’Orient allant de Chan-An (actuelle Xi’An) alors capitale des empereurs de la dynastie Han jusqu’à Antioche en Syrie (actuelle Turquie) ou de Tyr (actuel Liban). À son apogée au milieu du XIIe siècle, la route de la soie s’étendait sur plus de 7 500 km reliant l’Asie centrale à la côte orientale de la méditerranée en passant par l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak. La capitale de la Chine Chan-An comptait alors plus de deux millions d’habitants (soit dix fois la population de Constantinople à la même époque). La route de la Soie contribua notamment très fortement à la naissance et à l’essor du commerce, des échanges culturels et religieux.




Aux origines : quand l’Orient s’ouvre à l’Occident   La route de la Soie est considérée comme l’héritière de la route de jade dont les vestiges datent de 7000 ans, période où les Chinois cherchaient hors de leurs frontières le précieux jade. Cependant, historiquement, on considère que la Route de la soie fut ouverte par l’empereur Wudi au IIe siècle Av J.-C. qui voulant combattre ses ennemis les Huns envoya son général Zhangqian pour aller trouver des alliances avec les pays de l’ouest. Voyageant bien au-delà de la grande muraille, le général noua des relations avec plus d’une trentaine de royaumes dont Samarcande ou la Perse pour ne citer qu’elles. L’expédition traça ainsi un itinéraire, lequel devint par la suite une route que les marchands adoptèrent pour transporter la soie, les tissus, les épices et différentes marchandises… Au cours de ses pérégrinations Zhangqian, découvrit une race de chevaux qui fut la cause à de nombreuses caravanes chinoises visant à se les procurer en les troquant contre d’autres marchandises. C’est ainsi que la soie chinoise, monopole d’État, commença à être échangée et que la Chine se lia pour la première fois au monde occidental.




La Soie légendaire : un secret jalousement gardé L’expression « route de la soie » est récente, puisqu’elle apparaît dans la bouche du géographe allemand Ferdinand Von Richthofen au 19e siècle. Cette notion revêt cependant une réalité historique, géographique et culturelle dont la soie est simplement un symbole, car elle était considérée comme l’un des biens les plus précieux qui voyagèrent d’Asie jusqu’au bassin méditerranéen. Au IIe siècle Av J.-C. lorsque l’empire du Milieu s’ouvrit à l’occident, les empereurs chinois gardèrent jalousement le secret de la sériciculture et l’entourèrent de mille secrets. Ils en gardèrent d’ailleurs la production exclusive durant trois millénaires. Les Grecs puis les Romains crurent ainsi que la soie poussait sur les feuilles des arbres, appelés aussi « arbre à laine ». Sous l’Antiquité, ils nommèrent d’ailleurs les Chinois « les Seres » littéralement peuple de la soie.




Du voyage de la soie à la route des épices : la genèse - Il est certain que dès le IVe siècle avant J.-C. les Grecs connaissaient déjà l’existence de la soie qu’ils considéraient alors comme un tissu mystérieux venant des contrées de l’Orient lointain. Effectivement, la soie très prisée à la cour perse fut aussi appréciée d’Alexandre le Grand (-356 à – 323 Av J.-C.) lorsqu’il conquit cet empire ; conquêtes qu’il étendit jusqu’en Asie Centrale. - Ses successeurs les Ptolémés qui régnèrent sur l’Égypte (-323 à -30) conservèrent très vivaces ces échanges commerciaux. À cette époque ce furent les Parthes (-247 Av J.-C. à -226 Av J.-C.) et les Sodgiens, peuple iranien nomade de l’Ouzbékistan fondateur de Samarcande qui devinrent les principaux intermédiaires du commerce entre l’Est et l’Ouest. Ainsi au IIe siècle Av J.-C. lorsque le général chinois Zhangqian alla chercher des alliés à l’ouest, ils devinrent les partenaires privilégiés du commerce vers l’occident : ils achetaient aux Chinois la précieuse Soie, l’acheminait pour le revendre aux Syriens puis aux Grecs. - Au Ier siècle, les Romains, férus d’exotisme et de marchandises aussi luxueuses que les tissus et les épices, n'eurent de cesse que d’en acquérir. Ils utilisaient d’ailleurs les épices aussi bien dans leurs usages quotidiens (Apicius, célèbre cuisinier parle dans ses recettes du cumin, de la coriandre, du thym, de la sarriette, du sumac, du laurier) qu’en médecine ou dans leurs rites funéraires. - La naissance de l’Empire byzantin (395 Ap J.-C.) lors de la scission de l’Empire romain en deux témoigne du rayonnement de grandes métropoles telles que Byzance, future Constantinople. Ce rayonnement qui dura plus de mille ans démontre l’importance des échanges commerciaux, culturels et religieux et de l’impact qu’a eu alors la route de la soie sur ce devenir. - Bien que les transactions soient restées vivaces entre le Moyen-Orient, les Indes et la Chine, l’effondrement de l’Empire romain d’Occident (en 476 Ap J.-C.) suivi des invasions barbares mit à mal la route de la soie par voies terrestres durant quelque temps. - Cependant, à partir du VIIe siècle sous les Tang et jusqu’au Xe siècle, les échanges deviennent aussi maritimes. Il semble d’ailleurs qu’au IXe siècle les Radhanites (on ne sait si ce terme désignait une caste ou une corporation), marchands juifs, aient joué un rôle primordial dans l’essor des échanges commerciaux de luxe entre les mondes chrétien et musulman. Ils seront même les seuls à voyager entre occident et monde musulman durant cette période. Leurs itinéraires à la fois terrestres et maritimes couvraient l’Europe, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Asie centrale, la Chine et l’Inde. - Au XIIIe siècle, l’établissement du plus grand empire continental de tous les temps, l’empire mongol de Gengis Khan (qui s’étendait de la méditerranée au Pacifique et de la Sibérie à l’Inde et à l’Indochine) redonna un temps à la route de la soie ses lettres de noblesse. C’est à cette même époque que les premières descriptions de Chine parvinrent en occident, notamment rapportées par le célèbre Vénitien Marco Polo. Il resta vingt ans au service de l’empereur Kublai Khan (de 1275 à 1292), empereur mogol et petit fils de Gengis khan et raconta ensuite ses voyages dans son livre « le livre des merveilles ».





De la route de la soie à la route des épices et des parfums Après la dislocation de l’empire mongol au XIVe siècle et l’effondrement de l’Empire byzantin (prise de Constantinople par les ottomans en 1453), la route de la soie perdit de son attrait. On lui préféra les voies maritimes qui se développèrent notamment sous l’influence des Occidentaux. On nomme cette route maritime : la route des épices ou routes des parfums. À partir du XVe siècle, la désaffection de la route de la soie au profit de la route des épices ne cessa de croitre. Au XVIIIe siècle, les routes maritimes entre la Chine, l’Europe et le Moyen-Orient finirent d’être établies et les marchands abandonnèrent définitivement la route de la soie. La route des épices assurait dorénavant un approvisionnement plus rapide et plus sûr des précieuses denrées. D’autres facteurs expliquent ce désintéressement : - L’extrême rigueur du climat des pays à traverser, souvent torride en été et glacial en hiver. - La lenteur de l’acheminement des produits qui pouvait durer de plusieurs mois à une année à dos de yacks ou en caravanes… et rares furent ceux qui firent entièrement le voyage qui durait plus de six années. - L’appât du gain incita les brigands à attaquer de plus en plus fréquemment les circuits connus, les rendant peu sûrs. Ainsi les missions devinrent extrêmement périlleuses et les voyageurs hésitèrent à prendre la route. - Les marchandises transitaient par de nombreux intermédiaires et atteignaient des prix si exorbitants que cela incita les Européens à rechercher d’autres voies d’approvisionnement moins coûteuses, notamment maritimes.




Une multitude d’échanges La soie ne représentait bien évidemment qu’une petite partie du commerce. Les caravanes qui partaient vers l’Est emportaient des pierres et des métaux précieux, de l’or, de l’ivoire, des textes, du corail alors que celles qui allaient en Occident étaient chargées de céramiques, de fourrures, d’épices venues d’Inde, de bijoux, d’ambre, de fruits, de tapis venus de Perse, d’armes en bronze. Bien évidemment nombreuses étaient les haltes dans les oasis ou les villes de caravansérails (vaste cour entourée de bâtiments où s’arrêtaient les caravanes). Les marchandises transportées étaient alors vendues à prix d’or ou troquées contre d’autres. Ces échanges entre l’Orient et l’Occident furent aussi d’ordre philosophique ou artistique. Ils ont joué un rôle important dans la diffusion des croyances notamment le bouddhisme venu d’Inde jusqu’en Chine, mais aussi du christianisme, du judaïsme et de l’islam. Il convient aussi d’ajouter les apports technologiques tels que le coulage du fer, la fabrication du papier, l’invention de la boussole, de la poudre à canon, de l’imprimerie. Grâce à ce foisonnement de rencontres de peuples aussi divers que les Turcs, les Perses, les Byzantins, les Chinois, les Occidentaux, tous purent s’enrichir mutuellement. La route de la soie fut aussi empruntée par les religieux dans leurs pèlerinages, par les diplomates, les espions et bien évidemment les maraudeurs.

La route de la soie : 2000 ans d’échanges La route de la soie désigne l’ensemble des chemins, des sentiers et des pistes caravanières qu’ont empruntés les marchands de l’antiquité jusqu’au milieu du Moyen-âge pour faire leur négoce du continent asiatique au continent européen. Il s’agissait donc d’un réseau de routes commerciales entre l’Asie et l’Orient allant de Chan-An (actuelle Xi’An) alors capitale des empereurs de la dynastie Han jusqu’à Antioche en Syrie (actuelle Turquie) ou de Tyr (actuel Liban). À son apogée au milieu du XIIe siècle, la route de la soie s’étendait sur plus de 7 500 km reliant l’Asie centrale à la côte orientale de la méditerranée en passant par l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak. La capitale de la Chine Chan-An comptait alors plus de deux millions d’habitants (soit dix fois la population de Constantinople à la même époque). La route de la Soie contribua notamment très fortement à la naissance et à l’essor du commerce, des échanges culturels et religieux.




Aux origines : quand l’Orient s’ouvre à l’Occident   La route de la Soie est considérée comme l’héritière de la route de jade dont les vestiges datent de 7000 ans, période où les Chinois cherchaient hors de leurs frontières le précieux jade. Cependant, historiquement, on considère que la Route de la soie fut ouverte par l’empereur Wudi au IIe siècle Av J.-C. qui voulant combattre ses ennemis les Huns envoya son général Zhangqian pour aller trouver des alliances avec les pays de l’ouest. Voyageant bien au-delà de la grande muraille, le général noua des relations avec plus d’une trentaine de royaumes dont Samarcande ou la Perse pour ne citer qu’elles. L’expédition traça ainsi un itinéraire, lequel devint par la suite une route que les marchands adoptèrent pour transporter la soie, les tissus, les épices et différentes marchandises… Au cours de ses pérégrinations Zhangqian, découvrit une race de chevaux qui fut la cause à de nombreuses caravanes chinoises visant à se les procurer en les troquant contre d’autres marchandises. C’est ainsi que la soie chinoise, monopole d’État, commença à être échangée et que la Chine se lia pour la première fois au monde occidental.




La Soie légendaire : un secret jalousement gardé L’expression « route de la soie » est récente, puisqu’elle apparaît dans la bouche du géographe allemand Ferdinand Von Richthofen au 19e siècle. Cette notion revêt cependant une réalité historique, géographique et culturelle dont la soie est simplement un symbole, car elle était considérée comme l’un des biens les plus précieux qui voyagèrent d’Asie jusqu’au bassin méditerranéen. Au IIe siècle Av J.-C. lorsque l’empire du Milieu s’ouvrit à l’occident, les empereurs chinois gardèrent jalousement le secret de la sériciculture et l’entourèrent de mille secrets. Ils en gardèrent d’ailleurs la production exclusive durant trois millénaires. Les Grecs puis les Romains crurent ainsi que la soie poussait sur les feuilles des arbres, appelés aussi « arbre à laine ». Sous l’Antiquité, ils nommèrent d’ailleurs les Chinois « les Seres » littéralement peuple de la soie.




Du voyage de la soie à la route des épices : la genèse - Il est certain que dès le IVe siècle avant J.-C. les Grecs connaissaient déjà l’existence de la soie qu’ils considéraient alors comme un tissu mystérieux venant des contrées de l’Orient lointain. Effectivement, la soie très prisée à la cour perse fut aussi appréciée d’Alexandre le Grand (-356 à – 323 Av J.-C.) lorsqu’il conquit cet empire ; conquêtes qu’il étendit jusqu’en Asie Centrale. - Ses successeurs les Ptolémés qui régnèrent sur l’Égypte (-323 à -30) conservèrent très vivaces ces échanges commerciaux. À cette époque ce furent les Parthes (-247 Av J.-C. à -226 Av J.-C.) et les Sodgiens, peuple iranien nomade de l’Ouzbékistan fondateur de Samarcande qui devinrent les principaux intermédiaires du commerce entre l’Est et l’Ouest. Ainsi au IIe siècle Av J.-C. lorsque le général chinois Zhangqian alla chercher des alliés à l’ouest, ils devinrent les partenaires privilégiés du commerce vers l’occident : ils achetaient aux Chinois la précieuse Soie, l’acheminait pour le revendre aux Syriens puis aux Grecs. - Au Ier siècle, les Romains, férus d’exotisme et de marchandises aussi luxueuses que les tissus et les épices, n'eurent de cesse que d’en acquérir. Ils utilisaient d’ailleurs les épices aussi bien dans leurs usages quotidiens (Apicius, célèbre cuisinier parle dans ses recettes du cumin, de la coriandre, du thym, de la sarriette, du sumac, du laurier) qu’en médecine ou dans leurs rites funéraires. - La naissance de l’Empire byzantin (395 Ap J.-C.) lors de la scission de l’Empire romain en deux témoigne du rayonnement de grandes métropoles telles que Byzance, future Constantinople. Ce rayonnement qui dura plus de mille ans démontre l’importance des échanges commerciaux, culturels et religieux et de l’impact qu’a eu alors la route de la soie sur ce devenir. - Bien que les transactions soient restées vivaces entre le Moyen-Orient, les Indes et la Chine, l’effondrement de l’Empire romain d’Occident (en 476 Ap J.-C.) suivi des invasions barbares mit à mal la route de la soie par voies terrestres durant quelque temps. - Cependant, à partir du VIIe siècle sous les Tang et jusqu’au Xe siècle, les échanges deviennent aussi maritimes. Il semble d’ailleurs qu’au IXe siècle les Radhanites (on ne sait si ce terme désignait une caste ou une corporation), marchands juifs, aient joué un rôle primordial dans l’essor des échanges commerciaux de luxe entre les mondes chrétien et musulman. Ils seront même les seuls à voyager entre occident et monde musulman durant cette période. Leurs itinéraires à la fois terrestres et maritimes couvraient l’Europe, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Asie centrale, la Chine et l’Inde. - Au XIIIe siècle, l’établissement du plus grand empire continental de tous les temps, l’empire mongol de Gengis Khan (qui s’étendait de la méditerranée au Pacifique et de la Sibérie à l’Inde et à l’Indochine) redonna un temps à la route de la soie ses lettres de noblesse. C’est à cette même époque que les premières descriptions de Chine parvinrent en occident, notamment rapportées par le célèbre Vénitien Marco Polo. Il resta vingt ans au service de l’empereur Kublai Khan (de 1275 à 1292), empereur mogol et petit fils de Gengis khan et raconta ensuite ses voyages dans son livre « le livre des merveilles ».





De la route de la soie à la route des épices et des parfums Après la dislocation de l’empire mongol au XIVe siècle et l’effondrement de l’Empire byzantin (prise de Constantinople par les ottomans en 1453), la route de la soie perdit de son attrait. On lui préféra les voies maritimes qui se développèrent notamment sous l’influence des Occidentaux. On nomme cette route maritime : la route des épices ou routes des parfums. À partir du XVe siècle, la désaffection de la route de la soie au profit de la route des épices ne cessa de croitre. Au XVIIIe siècle, les routes maritimes entre la Chine, l’Europe et le Moyen-Orient finirent d’être établies et les marchands abandonnèrent définitivement la route de la soie. La route des épices assurait dorénavant un approvisionnement plus rapide et plus sûr des précieuses denrées. D’autres facteurs expliquent ce désintéressement : - L’extrême rigueur du climat des pays à traverser, souvent torride en été et glacial en hiver. - La lenteur de l’acheminement des produits qui pouvait durer de plusieurs mois à une année à dos de yacks ou en caravanes… et rares furent ceux qui firent entièrement le voyage qui durait plus de six années. - L’appât du gain incita les brigands à attaquer de plus en plus fréquemment les circuits connus, les rendant peu sûrs. Ainsi les missions devinrent extrêmement périlleuses et les voyageurs hésitèrent à prendre la route. - Les marchandises transitaient par de nombreux intermédiaires et atteignaient des prix si exorbitants que cela incita les Européens à rechercher d’autres voies d’approvisionnement moins coûteuses, notamment maritimes.




Une multitude d’échanges La soie ne représentait bien évidemment qu’une petite partie du commerce. Les caravanes qui partaient vers l’Est emportaient des pierres et des métaux précieux, de l’or, de l’ivoire, des textes, du corail alors que celles qui allaient en Occident étaient chargées de céramiques, de fourrures, d’épices venues d’Inde, de bijoux, d’ambre, de fruits, de tapis venus de Perse, d’armes en bronze. Bien évidemment nombreuses étaient les haltes dans les oasis ou les villes de caravansérails (vaste cour entourée de bâtiments où s’arrêtaient les caravanes). Les marchandises transportées étaient alors vendues à prix d’or ou troquées contre d’autres. Ces échanges entre l’Orient et l’Occident furent aussi d’ordre philosophique ou artistique. Ils ont joué un rôle important dans la diffusion des croyances notamment le bouddhisme venu d’Inde jusqu’en Chine, mais aussi du christianisme, du judaïsme et de l’islam. Il convient aussi d’ajouter les apports technologiques tels que le coulage du fer, la fabrication du papier, l’invention de la boussole, de la poudre à canon, de l’imprimerie. Grâce à ce foisonnement de rencontres de peuples aussi divers que les Turcs, les Perses, les Byzantins, les Chinois, les Occidentaux, tous purent s’enrichir mutuellement. La route de la soie fut aussi empruntée par les religieux dans leurs pèlerinages, par les diplomates, les espions et bien évidemment les maraudeurs. La route de la soie : 2000 ans d’échanges La route de la soie désigne l’ensemble des chemins, des sentiers et des pistes caravanières qu’ont empruntés les marchands de l’antiquité jusqu’au milieu du Moyen-âge pour faire leur négoce du continent asiatique au continent européen. Il s’agissait donc d’un réseau de routes commerciales entre l’Asie et l’Orient allant de Chan-An (actuelle Xi’An) alors capitale des empereurs de la dynastie Han jusqu’à Antioche en Syrie (actuelle Turquie) ou de Tyr (actuel Liban). À son apogée au milieu du XIIe siècle, la route de la soie s’étendait sur plus de 7 500 km reliant l’Asie centrale à la côte orientale de la méditerranée en passant par l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak. La capitale de la Chine Chan-An comptait alors plus de deux millions d’habitants (soit dix fois la population de Constantinople à la même époque). La route de la Soie contribua notamment très fortement à la naissance et à l’essor du commerce, des échanges culturels et religieux.




Aux origines : quand l’Orient s’ouvre à l’Occident   La route de la Soie est considérée comme l’héritière de la route de jade dont les vestiges datent de 7000 ans, période où les Chinois cherchaient hors de leurs frontières le précieux jade. Cependant, historiquement, on considère que la Route de la soie fut ouverte par l’empereur Wudi au IIe siècle Av J.-C. qui voulant combattre ses ennemis les Huns envoya son général Zhangqian pour aller trouver des alliances avec les pays de l’ouest. Voyageant bien au-delà de la grande muraille, le général noua des relations avec plus d’une trentaine de royaumes dont Samarcande ou la Perse pour ne citer qu’elles. L’expédition traça ainsi un itinéraire, lequel devint par la suite une route que les marchands adoptèrent pour transporter la soie, les tissus, les épices et différentes marchandises… Au cours de ses pérégrinations Zhangqian, découvrit une race de chevaux qui fut la cause à de nombreuses caravanes chinoises visant à se les procurer en les troquant contre d’autres marchandises. C’est ainsi que la soie chinoise, monopole d’État, commença à être échangée et que la Chine se lia pour la première fois au monde occidental.




La Soie légendaire : un secret jalousement gardé L’expression « route de la soie » est récente, puisqu’elle apparaît dans la bouche du géographe allemand Ferdinand Von Richthofen au 19e siècle. Cette notion revêt cependant une réalité historique, géographique et culturelle dont la soie est simplement un symbole, car elle était considérée comme l’un des biens les plus précieux qui voyagèrent d’Asie jusqu’au bassin méditerranéen. Au IIe siècle Av J.-C. lorsque l’empire du Milieu s’ouvrit à l’occident, les empereurs chinois gardèrent jalousement le secret de la sériciculture et l’entourèrent de mille secrets. Ils en gardèrent d’ailleurs la production exclusive durant trois millénaires. Les Grecs puis les Romains crurent ainsi que la soie poussait sur les feuilles des arbres, appelés aussi « arbre à laine ». Sous l’Antiquité, ils nommèrent d’ailleurs les Chinois « les Seres » littéralement peuple de la soie.




Du voyage de la soie à la route des épices : la genèse - Il est certain que dès le IVe siècle avant J.-C. les Grecs connaissaient déjà l’existence de la soie qu’ils considéraient alors comme un tissu mystérieux venant des contrées de l’Orient lointain. Effectivement, la soie très prisée à la cour perse fut aussi appréciée d’Alexandre le Grand (-356 à – 323 Av J.-C.) lorsqu’il conquit cet empire ; conquêtes qu’il étendit jusqu’en Asie Centrale. - Ses successeurs les Ptolémés qui régnèrent sur l’Égypte (-323 à -30) conservèrent très vivaces ces échanges commerciaux. À cette époque ce furent les Parthes (-247 Av J.-C. à -226 Av J.-C.) et les Sodgiens, peuple iranien nomade de l’Ouzbékistan fondateur de Samarcande qui devinrent les principaux intermédiaires du commerce entre l’Est et l’Ouest. Ainsi au IIe siècle Av J.-C. lorsque le général chinois Zhangqian alla chercher des alliés à l’ouest, ils devinrent les partenaires privilégiés du commerce vers l’occident : ils achetaient aux Chinois la précieuse Soie, l’acheminait pour le revendre aux Syriens puis aux Grecs. - Au Ier siècle, les Romains, férus d’exotisme et de marchandises aussi luxueuses que les tissus et les épices, n'eurent de cesse que d’en acquérir. Ils utilisaient d’ailleurs les épices aussi bien dans leurs usages quotidiens (Apicius, célèbre cuisinier parle dans ses recettes du cumin, de la coriandre, du thym, de la sarriette, du sumac, du laurier) qu’en médecine ou dans leurs rites funéraires. - La naissance de l’Empire byzantin (395 Ap J.-C.) lors de la scission de l’Empire romain en deux témoigne du rayonnement de grandes métropoles telles que Byzance, future Constantinople. Ce rayonnement qui dura plus de mille ans démontre l’importance des échanges commerciaux, culturels et religieux et de l’impact qu’a eu alors la route de la soie sur ce devenir. - Bien que les transactions soient restées vivaces entre le Moyen-Orient, les Indes et la Chine, l’effondrement de l’Empire romain d’Occident (en 476 Ap J.-C.) suivi des invasions barbares mit à mal la route de la soie par voies terrestres durant quelque temps. - Cependant, à partir du VIIe siècle sous les Tang et jusqu’au Xe siècle, les échanges deviennent aussi maritimes. Il semble d’ailleurs qu’au IXe siècle les Radhanites (on ne sait si ce terme désignait une caste ou une corporation), marchands juifs, aient joué un rôle primordial dans l’essor des échanges commerciaux de luxe entre les mondes chrétien et musulman. Ils seront même les seuls à voyager entre occident et monde musulman durant cette période. Leurs itinéraires à la fois terrestres et maritimes couvraient l’Europe, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Asie centrale, la Chine et l’Inde. - Au XIIIe siècle, l’établissement du plus grand empire continental de tous les temps, l’empire mongol de Gengis Khan (qui s’étendait de la méditerranée au Pacifique et de la Sibérie à l’Inde et à l’Indochine) redonna un temps à la route de la soie ses lettres de noblesse. C’est à cette même époque que les premières descriptions de Chine parvinrent en occident, notamment rapportées par le célèbre Vénitien Marco Polo. Il resta vingt ans au service de l’empereur Kublai Khan (de 1275 à 1292), empereur mogol et petit fils de Gengis khan et raconta ensuite ses voyages dans son livre « le livre des merveilles ».





De la route de la soie à la route des épices et des parfums Après la dislocation de l’empire mongol au XIVe siècle et l’effondrement de l’Empire byzantin (prise de Constantinople par les ottomans en 1453), la route de la soie perdit de son attrait. On lui préféra les voies maritimes qui se développèrent notamment sous l’influence des Occidentaux. On nomme cette route maritime : la route des épices ou routes des parfums. À partir du XVe siècle, la désaffection de la route de la soie au profit de la route des épices ne cessa de croitre. Au XVIIIe siècle, les routes maritimes entre la Chine, l’Europe et le Moyen-Orient finirent d’être établies et les marchands abandonnèrent définitivement la route de la soie. La route des épices assurait dorénavant un approvisionnement plus rapide et plus sûr des précieuses denrées. D’autres facteurs expliquent ce désintéressement : - L’extrême rigueur du climat des pays à traverser, souvent torride en été et glacial en hiver. - La lenteur de l’acheminement des produits qui pouvait durer de plusieurs mois à une année à dos de yacks ou en caravanes… et rares furent ceux qui firent entièrement le voyage qui durait plus de six années. - L’appât du gain incita les brigands à attaquer de plus en plus fréquemment les circuits connus, les rendant peu sûrs. Ainsi les missions devinrent extrêmement périlleuses et les voyageurs hésitèrent à prendre la route. - Les marchandises transitaient par de nombreux intermédiaires et atteignaient des prix si exorbitants que cela incita les Européens à rechercher d’autres voies d’approvisionnement moins coûteuses, notamment maritimes.




Une multitude d’échanges La soie ne représentait bien évidemment qu’une petite partie du commerce. Les caravanes qui partaient vers l’Est emportaient des pierres et des métaux précieux, de l’or, de l’ivoire, des textes, du corail alors que celles qui allaient en Occident étaient chargées de céramiques, de fourrures, d’épices venues d’Inde, de bijoux, d’ambre, de fruits, de tapis venus de Perse, d’armes en bronze. Bien évidemment nombreuses étaient les haltes dans les oasis ou les villes de caravansérails (vaste cour entourée de bâtiments où s’arrêtaient les caravanes). Les marchandises transportées étaient alors vendues à prix d’or ou troquées contre d’autres. Ces échanges entre l’Orient et l’Occident furent aussi d’ordre philosophique ou artistique. Ils ont joué un rôle important dans la diffusion des croyances notamment le bouddhisme venu d’Inde jusqu’en Chine, mais aussi du christianisme, du judaïsme et de l’islam. Il convient aussi d’ajouter les apports technologiques tels que le coulage du fer, la fabrication du papier, l’invention de la boussole, de la poudre à canon, de l’imprimerie. Grâce à ce foisonnement de rencontres de peuples aussi divers que les Turcs, les Perses, les Byzantins, les Chinois, les Occidentaux, tous purent s’enrichir mutuellement. La route de la soie fut aussi empruntée par les religieux dans leurs pèlerinages, par les diplomates, les espions et bien évidemment les maraudeurs.

épicétoo


2 vues0 commentaire

Comments


bottom of page